Le Temps – Mars 2014
C’est l’une des réussites éthiopiennes : le programme de déploiement sanitaire (traduction personnelle et perfectible de Health extension programme).
L’approche s’apparente à une opération militaire, s’appuie sur le déploiement de 38.000 agents de santé dans les campagnes les plus reculées ainsi que sur l’enrôlement de « familles modèles », regroupées au sein de l’armée du développement de la santé (Health development army) et chargées d’inspirer leurs semblables en matière de bonnes pratiques sanitaires.
Sur le champ de bataille, le planning familial remporte des victoires. On assiste ainsi à une diminution du nombre d’enfants par femme – avec un succès mitigé dans les zones à population nomades – du nombre de décès maternels et infantiles, etc… L’usage de contraceptifs est passé du néant à près de 30% en vingt ans.
En la matière, les plus récalcitrants, sans surprise, sont les hommes.
En bonus, le paragraphe en fin de texte, qui a sauté à la mise en page :
Retour à Chancho. Dans un café où grésille une vieille télévision, Tesfaye Sime, détaché par le « woreda » pour vanter la réussite de la politique gouvernementale, ne cesse de parler. De la réticence des hommes à toutes formes de contraception, de la puissante résistance des leaders religieux, de ces enfants en trop, que l’on loue à de plus riches que soi pour garder le bétail ou faire les foins. Et des femmes, nombreuses, fatiguées des grossesses répétées, de la mort de leurs nourrissons ou de celle, à l’accouchement, de leurs semblables. « Ca a toujours été comme cela, alors il a fallu montrer que cela pouvait être évité, que l’argent non dépensé pour le septième enfant pouvait l’être pour nourrir les autres, les habiller, les soigner. Au début, on s’était fixé comme objectif de descendre à six enfants par femme. » Aujourd’hui, la région Omoria, où se situe Chancho, enregistre un taux de fertilité de 5,6. La moyenne nationale est de 4,8, contre 7,7 en 1990. L’objectif est de descendre à quatre enfants par foyer d’ici 2015. « Pour y arriver, il faut un profond engagement politique. On l’a », assure Marta Minoyelet, de son ministère. « Le futur est prometteur. »